Revue d’histoire intellectuelle

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Georges Sorel, Essai sur la philosophie de Proudhon

vendredi 25 septembre 2015

Lectures

Georges Sorel, Essai sur la philosophie de Proudhon, Paris, Stalker, 2007
Id., D’Aristote à Marx. L’ancienne et la nouvelle métaphysique, s.l., Ed. du Sandre, 2007
Id., Réflexions sur la violence, Loverval, Labor, 2006
Id., Les illusions du progrès suivi de L’avenir socialiste des syndicats, introd. de Yves Guchet, Lausanne, l’Âge d’Homme, 2007

GIANINAZZI (Willy)

Il faudra un jour s’interroger sur le sens des nombreuses rééditions de textes de Sorel, souvent à l’initiative d’éditeurs situables aux deux extrêmes de l’arc politique. Si l’on ne peut donc dire que Sorel est « un immense inconnu », il reste un « méconnu célèbre ». Car ces éditions, généralement dépourvues de présentation, n’aident guère à décrypter une pensée qui appartient à un horizon mental et social d’un autre siècle ni à s’interroger sur son actualité possible : elles se bornent à livrer, sans aucune clé, des textes dont le titre à lui seul vaudrait signe ou manifeste.

L’actuelle foison de publications mérite cependant notre considération. L’essai sur Proudhon, pour commencer, n’avait jamais paru en livre et, datant de 1892, il offre un aperçu de la pensée de Sorel à la veille de son adhésion au socialisme et au marxisme. Quant à « L’ancienne et la nouvelle métaphysique » (1894), retitrée par Édouard Berth lors de sa première publication en livre en 1935, elle présente une réflexion philosophique originale qui utilise Marx pour dialoguer avec Bergson. La présente réédition des Réflexions n’a d’intérêt que par l’illustration des violences urbaines contemporaines qui s’étale en couverture. Anachronisme ? Pas tout à fait, puisque Sorel aide à penser la violence émeutière non pas comme explosion irrationnelle, mais comme rapport social conflictuel. Enfin, l’introduction d’Yves Guchet est à signaler parce qu’elle éclaire un volume composé de deux textes artificiellement réunis et apparemment disparates, mais qui en réalité ont en commun une critique des intellectuels sous la forme de la dénonciation des valeurs bourgeoises et de leur imposition aux ouvriers.


Cet article a été publié dans Mil neuf cent, n° 26, 2008 : Puissance et impuissance de la critique, p. 180.
Auteur(s) : GIANINAZZI (Willy)
Titre : Georges Sorel, Essai sur la philosophie de Proudhon, Paris, Stalker, 2007
Id., D’Aristote à Marx. L’ancienne et la nouvelle métaphysique, s.l., Ed. du Sandre, 2007 : Id., Réflexions sur la violence, Loverval, Labor, 2006
Id., Les illusions du progrès suivi de L’avenir socialiste des syndicats, introd. de Yves Guchet, Lausanne, l’Âge d’Homme, 2007
Pour citer cet article : http://www.revue1900.org/spip.php?article150