Revue d’histoire intellectuelle

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Christine Bouneau, Hubert Lagardelle. Un bourgeois révolutionnaire et son époque. 1874-1958. Roberto Bernardi, Agostino Lanzillo tra sindacalismo, fascismo e liberismo (1907-1952)

vendredi 25 septembre 2015

Lectures

Christine Bouneau, Hubert Lagardelle. Un bourgeois révolutionnaire et son époque. 1874-1958
Saint-Pierre-du-Mont, Eurédit, 2000, 564 p.

Roberto Bernardi, Agostino Lanzillo tra sindacalismo, fascismo e liberismo (1907-1952)
Milan, Cuesp-[Ed. Unicopli], 2001, 213 p.

GIANINAZZI (Willy)

Ces deux biographies retracent les itinéraires et les destins de deux figures intellectuelles du syndicalisme révolutionnaire de la Belle Époque. Ils sont très semblables.

Hubert Lagardelle, Toulousain monté à Paris, fut guesdiste à ses débuts, mais choisit de préparer une thèse sur l’associationnisme syndical. Le rapprochement avec Sorel, auteur de L’avenir socialiste des syndicats, était scellé. Plus tard, Lagardelle aurait aimé écrire une biographie de Sorel, bourgeois révolutionnaire, sans jamais y parvenir. Son glissement à droite à partir des années dix fut marqué par des ruptures et déceptions, certes idéologiques (la désillusion vis-à-vis de la lutte des classes), mais surtout géographique (son retour dans le Sud-Ouest natal), professionnelle (de publiciste à exploitant foncier) et familiale (son divorce). Le repli, marqué par une intense activité dans les chambres de commerce, puis par son séjour diplomatique à Rome, n’aura été qu’un prélude à ses déambulations vichyssoises.

Agostino Lanzillo, né en 1886 dans le Midi de l’Italie, approcha le mouvement ouvrier par une thèse sur Proudhon. Grâce à sa collaboration au Divenire sociale, la revue syndicaliste de Rome qui accueillait la prose sorélienne, il noua des relations privilégiées avec Sorel. Il fut le premier à lui réserver une biographie en 1910. S’il crut pouvoir rapprocher Sorel de Bergson, c’est parce que, selon lui, l’élan vital était la reconnaissance de l’autonomie créatrice que générerait le mouvement de la vie sur le plan transposé du social et du politique. C’est cette liberté qui intéressait Lanzillo. Il la voyait surtout exposée dans la doctrine libériste à laquelle cet élève de l’économiste Maffeo Pantaleoni ramenait le syndicalisme révolutionnaire et à laquelle il resta toujours fidèle. Ce libérisme, qui est libre-échangisme et anti-étatisme et que Sorel connut surtout par le biais de l’économiste belge Gustave de Molinari, amena plus tard Lanzillo à mettre une sourdine à l’idée de la lutte de classes frontale, à côtoyer en conséquence le fascisme (il fut l’un des proches de Mussolini au Popolo d’Italia), mais aussi à ne jamais sombrer dans l’approbation de l’autoritarisme étatique du régime. Depuis sa nomination au professorat universitaire, en 1923, et son éviction politique progressive dans la seconde moitié des années vingt, il s’était replié d’ailleurs sur une activité purement académique et journalistique.

Les deux ouvrages ont le mérite de réserver plus de la moitié des pages à la période la moins connue de leur protagoniste, la période post-syndicaliste. La plus désenchantée et morne aussi.


Cet article a été publié dans Mil neuf cent, n° 20, 2002 : Péguy et l’histoire, .
Auteur(s) : GIANINAZZI (Willy)
Titre : Christine Bouneau, Hubert Lagardelle. Un bourgeois révolutionnaire et son époque. 1874-1958
Saint-Pierre-du-Mont, Eurédit, 2000, 564 p.
 : Roberto Bernardi, Agostino Lanzillo tra sindacalismo, fascismo e liberismo (1907-1952)
Milan, Cuesp-[Ed. Unicopli], 2001, 213 p.
Pour citer cet article : http://www.revue1900.org/spip.php?article74